Publié dans Politique

Rentrée universitaire - Une problématique de taille

Publié le dimanche, 19 juillet 2020

Tout dans la vie des universités publiques est dans le flou jusqu'à nouvel ordre. Les activités pédagogiques sur les campus sont toujours à l'arrêt. Leur reprise effective ou partielle dépendra de l'évolution des conditions sanitaires au pays. D'après les prévisions officielles, la rentrée 2019-2020 sera reportée en mars 2021 et la clôture de l'année 2018-2019 pourra intervenir dans deux ou trois mois.

Au stade actuel, l'hypothèse d'une année blanche n'est pas à écarter selon toute vraisemblance. Tant que le virus circule, l'organisation des cours sur les sites universitaires malagasy s'apparente à un suicide collectif. Les promiscuités difficiles à contrôler sur les différents lieux exposent les concernés à des risques.

 

« Fixer la date d'entrée dans les prochains mois est impossible. Le pic serait atteint aux alentours de fin août. Il faudrait attendre la réouverture des routes pour permettre aux nombreux étudiants qui sont rentrés chez eux de regagner les universités. Cela demanderait près d'un mois. Ceci fait que nous ne pourrons boucler l'année universitaire en cours qu'en octobre », précise un haut responsable ministériel. La fin de l'année universitaire significativement retardée n'implique pas non plus l'effectivité immédiate de la suivante.

Des opérations de désinfection et d'aménagement des espaces de travail supplémentaires sur les campus pour accueillir les cohortes, notamment en L1, seront impératives. Ce seront des tâches complexes qui prendront des mois entiers. La prise en considération de ces paramètres, à revoir selon les circonstances, a fait dire au directeur général de l'Enseignement supérieur Jean-François Rajaonarison que la prochaine rentrée serait en mars.

Epée de Damoclès

Dans une interview en ligne, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESUPRES) Elia Assoumacou Béatrice dit que des discussions de plusieurs jours entre les présidents de toutes les universités, le Syndicat des enseignants-chercheurs et chercheurs-enseignants (SECES) ainsi que tous les responsables ministériels ont précédé la prise de décision. « Quoi qu'il en soit, le Gouvernement suit de très près l'évolution de la situation et du contexte sanitaire », précise-t-elle.

La surpopulation estudiantine reste un grand paramètre à considérer. La capacité d'accueil des infrastructures existantes se révèle fortement réduite par rapport aux effectifs des étudiants régulièrement inscrits. Même en temps normaux, toute la classe ne peut pas rentrer dans une même salle. Beaucoup doivent rester dehors ou carrément dans les couloirs jusqu'à la fin de chaque séance. L'application stricte des mesures barrières pour éviter la contamination dans ce cas ne fait que compliquer les choses. Le déplacement en bus aussi est une autre histoire.

Le contexte incommode toutes les parties prenantes. Les enseignants et la population estudiantine s'ennuient tandis que l'administration et le personnel d'appui se trouvent dans un grand embarras. Mais personne ne peut faire autrement. Le coronavirus qui continue de progresser se présente comme une épée de Damoclès sur la tête de chaque individu. La maîtrise du Covid-19 conditionnera le retour aux facultés, aux grandes écoles et aux instituts.

Vulgaires bandits

Des polémiques s'emballent entre-temps. Pour les uns, la prévention est sans appel. La santé passe avant tout car elle est la première de toutes les richesses. Etant donné l'âge avancé pour la plupart des enseignants-chercheurs et chercheurs-enseignants, ceux-ci font d'office partie des catégories hautement vulnérables au nouveau virus. Ce dernier en a déjà envoyé quelques-uns au paradis en les infectant même en dehors de leur cadre de travail habituel.

Des étudiants et des parents en détresse face à l'incertitude régnante ne veulent pas le savoir. Ceux-ci contestent carrément la date proposée par le Gouvernement. Pour eux, ils sont victimes de l'égoïsme du personnel enseignant qu'ils accusent de malhonnêteté, de paresse et de bien d'autres maux comme si les enseignants-chercheurs et les chercheurs-enseignants étaient de vulgaires bandits bardés de diplômes de rang supérieur aux yeux des groupes mécontents.

« L'année universitaire 2018-2019 aurait bien pu être finie depuis longtemps s'ils s'abstenaient de faire grève », s'exclament-ils en se référant au déroulement de l'enseignement privé, qui est un contexte différent et facile à gérer a priori. Les fâchés réclament la reprise des cours le plus tôt possible. Ils exigent aussi l'annulation de tous les examens officiels au cas où une année blanche serait inévitable. Le « raha maty aho matesa rahavana ary raha maty ny havana matesa ny omby » est bien un réflexe à la Malagasy.

Solutions réalistes

« La situation nous dépasse tous et il est sidérant de voir des universitaires faisant semblant de ne pas comprendre la réalité », regrette un enseignant à l'université d'Antananarivo. « Ils crachent des critiques acerbes au lieu de remercier l'Etat et de soutenir le ministère qui a sorti cette date dont la fixation n'était pas facile du tout car nous raisonnons toujours dans le sens du bien de tous », regrette un haut responsable.

« J'ai envisagé de m'inscrire au troisième cycle en histoire cette année. Mais le contexte qui prévaut m'oblige à attendre le bon moment, comme tout le monde », temporise un collègue qui fait part de sa préoccupation. L'organisation des cours en ligne est tout de même une option à l'étude dès les premières semaines du confinement en mars. Elle est partiellement appliquée durant le confinement. Le système LMD le préconise d'ailleurs. Le renforcement des effectifs des enseignants est parmi les solutions réalistes en perspective pour mieux affronter les nouveaux défis de l'enseignement supérieur. La relève doit être assurée par le recrutement. Le ministère a déjà fait une annonce dans ce sens. Des pourparlers sont en cours au niveau supérieur à ce propos. La pandémie de Covid-19 est un choc exigeant des réponses stratégiques.

M.R.

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Editorial

  • Trouble-fête !
    La propagande électorale en vue des législatives du 29 mai continue son bonhomme de chemin. Morne pour certaines localités ou régions, trop bruyante pour d’autres, elle ne suscite pas trop d’enthousiasme encore moins pas trop d’intérêts. Une semaine exactement après le coup d’envoi, la propagande peine à atteindre la vitesse de croisière. L’opinion semble ne pas y accorder trop d’importance concernant notamment ce prochain scrutin du 29 mai. En tout cas, le choix de ma part du terme « propagande » au lieu de « campagne » n’a rien de fortuit. Un choix délibéré ! L’usage du mot « propagande » en lieu et place de « campagne » traduit, en quelque sorte, la vulgarité de la chose. En effet, le mot « propagande » au sens péjoratif évoque le discrédit de la campagne. Qui dit propagande sous-entend une avalanche de promesses mirobolantes ou des engagements sans suite. Selon nombre…

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