« L’électricité ne fonctionne que 3 heures durant la journée ou la nuit », a déclaré sans ambages le même responsable. Et de poursuivre : « Il s’agit d’une mesure de restriction prise par le ministère concerné, faute de budget étant donné que l’alimentation en courant électrique de la maison de force, est fournie par un groupe ». Qui dit ministère, dit Etat malagasy ! Quoi qu’il en soit, ce même Etat est donc grandement responsable de ces pénuries ou autres privations en tout genre. Est-il pensable qu’un site si hautement stratégique comme la prison de Tsiafahy soit privé ainsi d’électricité ?
De son côté, le même service de communication en question, n’a pas hésité à émettre un doute sur la loyauté des gardes dont la complicité avec les évadés n’est pas à exclure. Malgré tout, l’enquête doit avant tout déterminer la responsabilité des gardes pénitentiaires qui étaient de service au moment des faits. Dans la même foulée, elle doit cerner la provenance du matériel aidant à faire l’excavation et surtout la méthode employée par les prisonniers pour parvenir à leur ultime objectif : la fuite ! « Nous ne pouvons orienter l’enquête pour déterminer une éventuelle complicité des gardes de service durant la nuit de l’évasion à Tsiafahy sauf si la Direction générale du centre de détention dépose une plainte dans ce sens ! », a-t-on appris auprès de la Gendarmerie, hier.
Aux yeux de l’opinion et même de la Gendarmerie, il est inconcevable qu’on n’ait pu jamais remarquer la moindre anomalie dans la cellule où vivaient les fugitifs. De même, on peine à croire qu’on n’ait jamais entendu des bruits suspects venant de ce même cachot. Comme l’a expliqué le responsable de communication de la Direction de l’administration pénitentiaire, les fugitifs ont pratiqué une excavation de 5 mètres de profondeur depuis leur chambre. Et surtout, ils ont pu faire un véritable boyau sous le sol et qui devait relier la zone située à l’extérieur de la prison. Un véritable exploit de leur part. « L’un des fuyards serait un spécialiste dans le gisement de saphir et aurait donc des connaissances en la matière », déclare le responsable du service de communication de la Direction générale l’administration pénitentiaire. Ce qu’il n’a pas mentionné, c’est que l’ensemble architecturale de cette maison de force est constitué en béton, du moins en partie.
Concernant les mesures prises, signalons la mobilisation des unités spécialisées des centres de détention comme le fameux Groupe volant d’intervention rapide (Gvir) pour rechercher les fuyards. Même mobilisation du côté de la Gendarmerie.
« Nos éléments n’étaient informés que par une rumeur au marché d’Andoharanofotsy et nous n’avons reçu ces avis de recherche qu’en début de soirée du dimanche », confie-t-on du côté de cette entité. Ce dont la Direction du centre de détention de Tsiafahy a répliqué. « Nous avons alerté la Brigade de gendarmerie la plus proche dès l’instant même où la quintuple évasion a été confirmée », assure-t-on.
Franck Roland