Publié dans Politique

Covid-19 - Guerre entre l’Afrique et l’OMS

Publié le dimanche, 10 mai 2020


Les choses se passent bizarrement dans le monde. La guerre mondiale contre l’ennemi commun qu’est le coronavirus mobilise tous les pays et toutes les institutions. Le cas de l’Afrique en particulier étonne. L’hécatombe qui aurait pu s’y produire étant donnée la défaillance de son système de soin ne semble que le reflet d’un scénario pessimiste jusqu’ici. Même si les gestes barrières tant préconisés peinent à se faire adopter, les Africains résistent mieux à la pandémie. Certes, chaque partie du continent noir est différemment affectée.
La désignation de l’Afrique comme parmi les damnés de la Terre en face des ravages probables causés par la propagation du Covid-19 est une énième occasion de réveiller l’ambition de ses habitants. A l’instar de leurs pairs dans les quatre coins du monde, des chercheurs africains se sont lancés dans la recherche d’éventuels remèdes contre le nouveau virus. Le déclenchement de la crise sanitaire mondiale liée à cet agent pathogène a été le déclic pour plus de 360 projets de recherche médicale éparpillés sur la planète.
Remède traditionnel amélioré
Les uns sont en avance tandis que d’autres semblent trainer les pieds pour marquer un pas décisif sur le terrain où la course aux médicaments et aux vaccins éventuels est encore plus intense que la course aux armements de la Guerre froide. La bipolarisation de l’après-guerre cède la place aujourd’hui à la multipolarisation.
La monopolisation des géants pharmaceutiques de l’Ouest soutenue par le formidable développement de la médecine conventionnelle vacille sérieusement, eu égard à la montée en puissance de la médecine traditionnelle. Les Africains, au même titre que les Asiatiques et autres peuples, connaissaient la pharmacopée traditionnelle et la phytothérapie avant tout contact avec les médicaments et remèdes produits suivant les procédés scientifiques de l’Occident.
La découverte du « Covid-Organics » ou « Tambavy CVO », un remède traditionnel amélioré, s’inscrit dans ce contexte. C’est, rappelons-le, un remède à base d’artemisia, la plante sur laquelle le travail effectué par le docteur chinois Tu Youyou lui a valu le prix Nobel de médecine en 2015 pour avoir démontré l’efficacité d’une substance extraite de la plante, l’artémisinine, dans les traitements antipaludéens. Mais l’Organisation mondiale de la santé (OMS) déconseille paradoxalement les médicaments à base d’artemisia après qu’elle les a préconisés depuis 2005. La pandémie frappe aux portes des Africains mais l’OMS n’a rien à leur proposer pour se défendre. A part le lavage de mains et autres barrières sanitaires dont l’efficacité ne souffre d’aucune discussion mais insuffisante. Et face aux milliers de morts en Europe et aux Etats-Unis, il est tout à fait normal que les pays africains à travers leurs chercheurs valorisent leurs plantes médicinales à titre préventif voire curatif. Mais l’OMS refuse d’entendre ce son de cloche et campe sur sa position de médicaments conventionnels qui tardent tout de même à se faire connaître.
« Principaux bailleurs »
Entre-temps, l’avancée de la bio-ingénierie aux Etats-Unis a débouché sur la conception en 2006 d’une souche de levure modifiée, permettant de produire de l’acide artémisinique, un composé essentiel dans la chaîne de réactions chimiques aboutissant à la production de l’artémisinine. La richissime fondation Bill & Melinda Gates qui a financé à hauteur de 42 millions de dollars le processus sera devenue l’un des plus gros financeurs des activités de l’OMS dans le monde.
En raison de la structure de ses sources de financement, cette agence onusienne fonctionnait auparavant avec 80 % des contributions des pays membres et 20 % des donateurs privés. En revanche, elle carbure à présent avec les mêmes proportions mais dans le sens inverse.
Les mécènes sont maintenant les « principaux bailleurs » de l’OMS, donc ses maîtres en quelque sorte. Il n’est pas alors surprenant que cet organisme, se barricadant derrière des arguments connus par le milieu scientifique et diplomatique, demeure réticent sur les produits proposés par les pays africains pour enrayer la pandémie de coronavirus.
« Made in Africa »
Compte tenu de cette réalité, la guerre mondiale contre le coronavirus semble changer d’axe. Elle paraît se concentrer sur la « rivalité » latente entre l’OMS et l’Afrique qui s’accrocherait à la valorisation des remèdes traditionnels améliorés. Les débats dans ce sens foisonnent sur le continent. Des scientifiques africains ne mâchent pas leurs mots pour défendre les produits « made in Afica » en dénigrant l’attitude de l’agence onusienne.
Parallèlement, des groupes oligarchiques auraient poussé Genève à faire admettre aux Africains des prototypes de vaccins dont l’efficacité reste encore à prouver. L’initiative crée des controverses dans la mesure où les avis divergent. A l’accord des uns s’oppose le refus catégorique des autres.
En Afrique, la proposition d’essais cliniques des hypothétiques vaccins contre le coronavirus se heurterait à un mur infranchissable de déni général au profit des remèdes traditionnels améliorés. Les pourparlers sur fond de diplomatie médicale entre l’OMS et l’Afrique promettent ainsi de perdurer même si le directeur général de l’agence est de nationalité éthiopienne.
M.R.

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Editorial

  • Menace permanente
    Un amateur du cruciverbisme risque une fois de tomber sur un énoncé « menace permanente » un mot de dix cases : « INSECURITE ». On ne cesse point d’insister sur la nécessité primordiale et cruciale d’évoquer les problèmes récurrents liés à l’insécurité qui règne dans le pays qui est justement une menace permanente pour les hommes et leurs biens.

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